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Les carnets de Juliette
Les carnets de Juliette
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4 décembre 2005

Un coeur brisé

Ma peine est grande, elle est immense.  Tellement que je fais tout mon possible pour l'éviter.  Quand je dois y faire face et la confronter, elle me brûle la gorge,  l'enserre tellement que j'ai de la difficulté à parler et à respirer, je suffoque.  Ma peine face au deuil d'une relation impossible avec l'homme que j'aime n'a d'égal que mon amour pour lui.  Cet amour, je le ressens d'abord dans ma tête, puis dans mon coeur et finalement dans mon ventre.  Il m'habite.  Me demander de le laisser partir, d'en avorter, de le tuer, c'est m'arracher une partie de moi-même. Je tente pourtant d'utiliser ma volonté pour laisser ces sentiments me quitter mais je rencontre tellement de résistances de leur part, comme s'ils tenaient réellement à la vie.  Chaque pas pour les éloigner de moi et les repousser fait naître une plaie béante dans mon espace intérieur, des larmes de sang s'en échappent, qui, malheureusement, ne m'apportent aucun apaisement: c'est de l'acide sur une blessure à vif.

La vie a fait en sorte que cet amour non réciproque que j'éprouve pour  un homme ne pourra jamais se développer entre nous.  Cela ne lui enlève aucunement son intensité, son authenticité et j'ose l'espérer sa pureté et sa valeur. La vie fait quelques fois des erreurs: elle fait naître des enfants pour les enlever à leurs parents quelques minutes ou quelques années plus tard;  elle permet de faire mener à terme une grossesse à des femmes qui ne veulent pas d'enfants ou qui vont les maltraiter par la suite; elle refuse ce cadeau à d'autres, qui, de toute évidence, feraient d'excellentes mamans.  Il se trouve que la vie fait aussi naître des amours qui ne sont pas viables chez la personne qui en est le berceau premier. Non pas par manque de force mais parce qu'ils n'ont pas de lieu pour grandir et arriver à maturité. 

offrirAlors, comme une femme qui refuse de se faire avorter de son enfant en devenir et qui prend la difficile décision de donner son bébé en adoption parce qu'elle sait qu'elle ne pourra lui procurer tout ce à quoi il a droit, je fais le voeu de faire don de cet amour qui m'habite.  Je le fais en essayant de me convaincre que, tout comme l'énergie, rien ne se perd dans l'Univers et qu'à quelque part sur notre petite planète bleue, une ou plusieurs personnes ressentiront, d'une quelconque manière, les effets de cet amour-là dans leur vie.  Tout comme une maman qui déposerait son enfant dans les bras d'une autre femme, j'aimerais dire à ces personnes que je leur confie quelque chose qui m'est "plus que précieux" avec l'espoir qu'ils le chérissent, en prennent soin et le laissent prendre sa véritable place dans l'univers, la place qui ultimement lui revient.. tout comme j'aurais aimer pouvoir le faire.

Il n'est jamais facile de poser ce geste.  Je pense que je revisiterai souvent les sentiments que provoquent chez moi ce difficile renoncement.  Le don d'un enfant, d'un amour creuse une profonde blessure au fond de soi-même et ce, même si on sait que c'est pour le mieux et qu'on pose la meilleure action possible dans les circonstances.  Je ne sais pas si le temps guérit ce genre de blessure ... je sais seulement que je dois y croire de tout mon être pour continuer ma route sur le chemin de la vie.

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