L'angoisse de son monde intérieur

Je n'ai plus la fin vingtaine.  J'ai de nouveau  1, 2 ou 3 mois ... peut-être 1, 2 ou 3 ans.  Je ne sais pas...  Je n'ai guère de souvenir de cette période.  Pour la plupart, on en a tous peu d'ailleurs.  Par contre,  si notre mémoire a oublié, le corps, lui, semble parfois se rappeler­ de comment c'était ou de comment ce n'était pas.  Ces sensations sont difficiles à décrire avec des mots. Elles se manifestent soudainement à l'intérieur de nous sans trop donner d'explication.  Si notre esprit est attentif, il arrive à percevoir certains messages tels j'aime!, j'aime pas!, j'en veux encore!, c'est nouveau!, cela existe donc ?, etc.  Pour ma part, de sentir sur mon abdomen une main toute chaude sur la couverture qui me recouvrait, toute emmaillotée que j'étais, cela m'a fait vivre un moment particulier.  Une partie de moi voulait y rester (i.e. le corps, la petite fille intérieure inquiète qui se sent souvent seule et abandonnée) alors qu'une autre lui susurrait à l'oreille combien c'était mal et pathétique de s'abandonner ainsi (i.e. la tête, la grande fille raisonnable et plutôt déconnectée d'elle-même).  Heureusement pour l'enfant qui était étendue sur la table, la grande fille y est restée et a tenté d'intégrer à l'intérieur d'elle-même comment on se sent quand quelqu'un que vous aimez déjà s'occupe de vous avec autant de douceur et de sollicitude, comment c'est quand, pour une fois, un profond sentiment de sécurité tente de s'installer en vous, quand, vous n'êtes plus seule et que l'autre ne semble souhaiter qu'une chose: apaiser ce qui, en vous, semble si angoissé.