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Les carnets de Juliette
Les carnets de Juliette
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19 février 2006

Les cicatrices invisibles

Il y a sur mon bras une série de cicatrices ... On me demande parfois d'où elles proviennent... J'ai longtemps bafouillé une vague histoire ... Puis j'ai cessé: maintenant je ne raconte plus d'histoire.  Je dis seulement que c'est un accident.  Habituellement, les gens n'insistent pas ... lorsqu'ils le font, je termine en disant que " habituellement, je n'en parle pas".  C'est plus simple ainsi.  La vérité, c'est que la réalité est trop complexe pour être expliquée en deux ou trois phrases et que d'ordinaire, les gens ne s'attendent pas au récit que je pourrais leur faire de lesdit accident.  De toute façon, je crains leur jugement et leur réaction, leur regard horrifié ou incrédule ... ou condescendant... Je crains de perdre le peu d'estime que j'ai réussi à gagner ... Je crains qu'on me prenne pour une folle, une faible d'esprit ou un esprit fragile ...  qu'on me retire toute crédibilité ...la confiance qu'on me porte... mon emploi ... et le peu que j'ai dans la vie.

Comment expliquer que blesser l'enveloppe extérieure peut faire du bien ?  Que c'est douloureux, mais beaucoup moins, tellement moins ... que la moins pire des souffrances intérieures ... que le sentiment d'abandon que l'on peut ressentir quand la personne qui nous est le plus chère au monde nous quitte... nous ignore... que la haine que l'on peut se vouer à soi-même ... que le sentiment de culpabilité qui nous étouffe quand on est convaincu d'avoir failli à la tâche qui nous était assignée ... que l'horrible sentiment d'être seule au monde...

Bien sûr, j'ai arrêté depuis plusieurs années d'attaquer mon enveloppe extérieure: le champ de bataille n'était plus assez grand et puis, quoiqu'on en dise, les plaies sont difficiles à expliquer et à justifier.  A preuve, ma peau porte encore les traces de celles que je me suis infligée il y a si longtemps.  Je ne peux malheureusement pas les faire disparaître, je m'y suis habituée. Elles me rappellent jour après jour les guerres qui m'ont traversées ...  les combats que je me suis livrée. Certains diront que c'est un progrès.  Peut-être ... Moi, je vous dirais que ce n'est pas nécessairement le cas.  Ce n'est pas parce que la douleur ne laisse pas de trace qu'elle n'existe pas, ce n'est pas parce que l'on exprime pas la souffrance que celle-ci ne nous habite pas.  Mais il est vrai que de cette manière, elle ne dérange pas les autres. Vous avez alors ramené les combats à l'intérieur de vos frontières.  Les apparences sont sauves ...   

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